Conduite du changement : les sept erreurs du dirigeant

Est-il encore possible de diriger seul, à l’heure de la transformation numérique ? Jean-Michel Palagos et Julia Maris, respectivement président directeur général et directeur général adjoint de la société DCI, ne le pensent pas.

 

Les projets de transformation numérique échouent toujours à cause des mêmes erreurs. Dans l’ouvrage qu’ils cosignent (1), Jean-Michel Palagos et Julia Maris, respectivement président directeur général et directeur général adjoint de la société DCI (Défense Conseil international), analysent les erreurs systématiquement commises par les dirigeants, lors de la mise en place de projets liés aux technologies de l’information.

 

Aveuglement, illusion, confusion…

A partir d’exemples d’échecs mémorables liés à la modernisation des services de l’Etat, les deux auteurs tirent des leçons valables pour tous types de structures, de la petite entreprise à la grande administration, assurent-ils. «Tous les dirigeants sont désormais confrontés aux défis de l’ère de rupture, estime Julia Maris. Quand on reçoit des centaines de mails par jour, comment faire toujours les bons arbitrages?» Les auteurs ont ainsi distingué sept chausse-trappes de la conduite du changement.

 

#1 L’aveuglement cognitif. Afin de conjurer le risque, le dirigeant ne voit que les éléments qui viennent confirmer ses certitudes. Il ne distingue plus les signaux faibles qui vont à l’encontre son idée, et qui devraient l’alerter.

 

#2 L’anarchie des objectifs. Le dirigeant ne parvient plus à tenir le cap qu’il s’est fixé. «L’objectif initial est parasité par de nouveaux objectifs, qui ne sont en fait que des conséquences du premier, » détaille Julia Maris.

 

#3 L’action à contretemps. Le dirigeant perd le sens du timing, en privilégiant par exemple la réduction des coûts. «Or, pour mener à bien la conduite du changement, il faut accepter de ne pas réduire les coûts immédiatement, » explique Jean-Michel Palagos.

 

#4 La tentation du management participatif. Il s’agit certes d’une tentation légitime, mais gare aux dérives et à la dilution des responsabilités ! «A un moment donné, il faut décider pour avancer, et savoir faire preuve de courage, » rappelle Julia Maris

 

#5 L’illusion technophile. Le dirigeant veut croire qu’un système d’information va régler tous les problèmes. « Trop souvent, les facteurs humains sont négligés. Un projet technologique ne peut réussir sans une réflexion préalable sur son sens, son acceptabilité et sa bonne compréhension par les collaborateurs, » signale Jean-Michel Palagos.

 

#6 L’orgueil des têtes bien pleines. Parce qu’il sort d’une formation d’élite, le dirigeant se croit à l’abri des erreurs, voire refuse l’idée même qu’il puisse se tromper et connaître l’échec. «C’est un mode de fonctionnement bien français, estime Julia Maris. Qu’un dirigeant reconnaisse son erreur et en tire les leçons, et cela libère une énergie incroyable chez ses collaborateurs. Il faut militer pour le droit à l’échec, pour qu’il ne soit plus une faute mais un nouveau départ. »

 

#7 L’absence d’alternative. Le dirigeant est persuadé qu’il a pris la meilleure direction, ou la seule possible. Il ne prévoit aucun « plan B ». « Il risque de se retrouver bloqué dans une impasse qu’il a lui-même créée, reprend Jean-Michel Palagos. Cette situation succède souvent à un premier succès grisant.»

 

La codirection, la solution ?

Afin de prévenir les défaillances dans les prises de décision, ainsi que l’appréhension erronée d’informations massives et complexes, les deux auteurs prônent la mise en place de nouveaux modes de leadership. « Pour nous, la solution a été la direction en binôme, explique Jean-Michel Palagos. Nous nous complétons et nous challengeons mutuellement. Il ne s’agit que de notre témoignage, et ce n’est peut-être pas l’unique solution pour tous les dirigeants. Toutefois, nous sommes persuadés que diriger seul n’est plus possible aujourd’hui. »

 

(1) Diriger en ère de rupture, brouillard et solitude, éditions Hermann

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