RSE : le management circulaire pour une performance durable

Appliquer les fondements de l’économie circulaire au management permettrait de pérenniser l’emploi mais aussi la croissance de l’entreprise. Interview à deux voix de Françoise Derolez et Sandy Beky, les créatrices du « Model C ».

Françoise Derolez et Sandy Beky, qui ont chacune l’expérience de grands groupes internationaux, ont créé le ModelC, une marque de KyoSei Leadership, cabinet de conseil pour dirigeants.

 Qu’est-ce que le management circulaire ?

Sandy Beky : Le management circulaire est un modèle de management qui s’inspire de l’économie circulaire, « discipline » qui appelle à repenser – et à prolonger – le cycle de vie des produits, grâce à l’écoconception, la réutilisation, le réemploi, le recyclage… Cette innovation managériale part d’une idée simple : la valorisation des compétences et aptitudes de l’individu. Ce modèle rompt avec les parcours linéaires, un emploi, chez un employeur, dans un domaine… et consiste à utiliser toutes les compétences et aptitudes du collaborateur. Il s’agit de responsabilité et de durabilité. Donc ce management s’inscrit totalement dans la démarche RSE des entreprises dans la prise en compte de l’employabilité du collaborateur à long terme.

Françoise Derolez : Les grands groupes sont de plus en plus dans une démarche d’ouverture, par exemple en se rapprochant des start-ups pour essayer de capter leur agilité et leur capacité à innover. Cette créativité existe aussi dans l’entreprise, en interne, il s’agit de la faire jaillir. Pour ce faire, il est nécessaire de rompre avec un fonctionnement en silos, et de faciliter les passerelles, la mobilité interne. Du point de vue du collaborateur, lui donner la possibilité de mettre des domaines de compétences différents (par exemple juridique et marketing) au service de plusieurs départements dans l’entreprise ou dans plusieurs entreprises fait un parcours de carrière plus riche. L’entreprise bénéficie ainsi de collaborateurs plus engagés donc plus performants et contributeurs d’une meilleure croissance.

 

Concrètement, comment déployer ce modèle dans l’entreprise ?

Sandy Beky : Il est important de raisonner, non plus en termes de postes, mais en termes d’aptitudes et de compétences. Cartographier ces aptitudes et compétences, et les mettre en corrélation avec les besoins de l’entreprise, permet aux entreprises de visualiser l’incroyable réservoir dont elles disposent et qu’elles ne valorisent pas nécessairement.

Françoise Derolez : La première étape est la prise de conscience au plus haut niveau. Les dirigeants, le comex, le codir, ainsi que le conseil d’administration doivent prendre conscience de la nécessité de casser les silos pour gagner en agilité, et donc en compétitivité. Ce n’est qu’après cette prise de conscience que la DG pourra impulser le mouvement et la conduite du changement.

 

En quoi le management circulaire permet-il de pérenniser la croissance ?

Sandy Beky : Nous avons appelé notre méthode d’application du management circulaire « Model C », « c » comme « circulaire », mais aussi comme « citoyen », « collaboratif », « connecté »… La révolution qui est en train de s’opérer dans les entreprises via le numérique est majeure, et elle suppose de repenser le mode de management et de pérenniser l’emploi. L’emploi des jeunes qui ont des doubles voire triples diplômes, des compétences multiples qui les mettent en position de pouvoir assumer différentes fonctions. L’emploi des seniors qui ont une vision globale de l’entreprise et une expérience solide sur lesquelles il faut capitaliser. En pérennisant les parcours professionnels, l’entreprise pérennise aussi son activité.

Françoise Derolez : Les silos sont difficiles à faire bouger, et empêchent les organisations d’être flexibles, souples, agiles, mobiles… ce qui est indispensable aujourd’hui pour rester compétitifs. Aujourd’hui, l’entreprise a tendance à catégoriser, à mettre les collaborateurs dans des cases. Et quand on a 45 ans, on est déjà « rangé » dans la catégorie des seniors ! Il faut un changement de vision, partir du principe qu’il y a des talents brillants, en début comme en fin de carrière.

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